« Si au moins les féministes étaient jolies ! » Cette phrase vous choque ? Certainement autant qu’elle a révolté Nicole Mangin dans un salon bourgeois à la fin du XIXe siècle. Nicole, la militante, engagée pour les droits des femmes. Nicole, l’o...
Avec « Ombres et cauchemars », deuxième tome de la collection « Pat Éthique », l’auteur poursuit sa plongée dans les zones d’ombre, loin de la poésie rêveuse que je lui préfère habituellement et qu’il sait que j’affectionne. Pourtant, force est de constater que ce recueil m’a davantage touchée que le précédent, « Carnet de bord d’une anomalie colérique ».
Ce recueil de courts textes confirme la volonté de l’auteur de nous dévoiler une autre facette de sa plume, plus radicale, presque dérangeante, voire brutale. Une colère sourde y affleure souvent, mêlée à une lucidité tranchante sur le monde qui nous entoure. Les mots claquent, les idées dérangent, les images marquent. On sent que l’auteur ne cherche plus à arrondir les angles, mais à les aiguiser.
Comme dans d’autres recueils de l’auteur, j’y ai trouvé des phrases qui ont résonné en moi, des morceaux de textes percutants, sensés, qui m’ont donné envie de les partager. C’est ce que j’aime dans ses écrits : cette capacité à faire naître une émotion en quelques lignes, à mettre des mots justes sur ce que l’on ressent parfois confusément. Et dans ce recueil, les textes se mêlent à des illustrations (de I am atypical) qui renforcent le décalage et apportent une touche d’humour à un ensemble plus sombre.
Même si je reste plus sensible à son côté poétique et contemplatif, je reconnais ici une force d’expression dont il serait dommage de ne pas parler, surtout qu’elle peut faire écho à bon nombre de personnes. Gérald Odar parle aux gens, quels qu’ils soient, avec leurs doutes, leurs faiblesses, leurs espoirs et même leurs colères. « Ombres et cauchemars » bouscule, dérange parfois, mais il frappe là où il faut.